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  MIKAËL HERVIAUX Journaliste, auteur et traducteur 

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1- GAINSBOURG (JDC, 02-03-2004) 
 
 
Serge Gainsbourg a écrasé sa dernière clope, voilà treize ans précisément. Retour sur auteur-compositeur à l'incommensurable talent qui aura marqué de façon indélébile le monde de la musique.
 
 
" Mon berceau était si près du cercueil que je n'ai point failli naître". Ainsi parlait Gainsbourg, né Lucien Ginzburg, un 2 avril 1928 à Paris. Si sa mère, bien décidée à ne pas mettre cet enfant au monde, n'avait tourné les talons au dernier moment, l'histoire de la chanson française aurait été écrite autrement. Idem, si le peintre n'avait rengainé ses tubes multicolores à la fin des années 50 pour caresser le clavier noir et blanc d'un Steinway au "Milord l'Arsouille". Le hasard a ses mystères… 
Voilà treize ans donc que l'homme à tête de choux a accompagné sa dernière clope dans des volutes bleues. "Treize ans déjà, que cela passe vite treize ans!" aurait dit Aragon. 
Difficile de parler de lui, de sa carrière, sans tomber dans les poncifs habituels, dans le schéma Gainsbourg/Gainsbarre, dans ses frasques plus ou moins heureuses…
 
1958: les débuts...
Une chose est sûre: il a exercé une influence considérable, bien au-delà des frontières hexagonales, sur le monde de la pop-rock (Beck en est un exemple frappant). Mais voilà, on s'en remet trop souvent au triumvirat Brel-Ferré-Brassens, alors que le "beau Serge" est sans doute la personnalité francophone la plus déterminante des trente dernières années dans le domaine de la musique. Et pourtant, dès son premier 25 cm, sorti en avril 1958, on pouvait sentir que cet homme-là était de la graine des très grands. Un album, plutôt jazzy, d'une facture assez classique, qui recèle des petites perles ignorées comme "L'alcool", "Les déménageurs de piano" ou encore "Du jazz dans le ravin". Malheureusement, le seul titre qu'on ait exhumé de l'oubli demeure "Le poinçonneur des Lilas". Boris Vian avait vu juste avant tout le monde. 
Sublime Melody Nelson 
Son talent finira tout de même par être reconnu quelques années plus tard. Les interprètes s'arracheront les textes inspirés de ce jeune auteur-compositeur: Gréco, Pia Colombo…Et puis, ce sera la rencontre avec Jane Birkin, une jeune actrice anglaise. Gainsbourg est alors une valeur sûre de la chanson. En 1969, l'album "Je t'aime, moi non plus" va défrayer les chroniques du monde entier. 
Il manque pourtant à cette époque un disque à la hauteur de son talent. Un disque qui voyagera dans le temps. En 1971, il se lance donc, sur des arrangements de Jean-Claude Vannier, dans l'aventure "Melody Nelson"(*). Un pur chef d'œuvre! Gainsbourg est alors au sommet de son art, mais déjà Gainsbarre commence à pointer le bout de son nez.
 
Art mineur 
Le personnage public damera dès lors le pion au poète-compositeur. Sa plus grosse provocation aura d'ailleurs peut-être été de vendanger son inspiration dans des albums qu'il savait par avance voués au succès.  
L'homme à tête de choux avait le sens des mots qui claquent et des mélodies qui accrochent. l'oreille. Il connaissait les recettes de cet "art mineur". Il s'en amusait entre pitreries et amertume. Les tubes qui microsillonnent ne lui auront jamais fait oublier ceux de ses premières amours qui animaient les toiles. 
Aujourd'hui, c'est avec les étoiles qu'il joue. Il laisse derrière lui un héritage incroyable. Et le preuve éclatante que la chanson pouvait devenir un art majeur!
 
(*)Il conviendrait de ne pas oublier le sublissime et très "modern" "Gainsbourg Confidentiel" (début 60') 
 
TONY GATLIF (Cntre-France, nov.2006) 
 
 
 
"Un cinéma viscéral, sensuel, anti-cérébral" 
 
Ses films ne ressemblent à aucun autre. Ils sont comme lui : libres, emportés et généreux. Rencontre avec un réalisateur qui a su percer l'âme tsigane : Tony Gatlif.  
 
: Tony Gatlif, c'est d'abord une gueule. Un visage un peu cabossé par la vie, buriné par le temps, des cheveux en bataille et un regard à la fois noir et chaleureux. Mais c'est aussi et surtout un réalisateur à part, inventeur génial et généreux d'un univers cinématographique (et poétique) sans frontières, qui n'appartient qu'à lui.  
Son quinzième et ultime opus, Transylvania (ndlr : à l'affiche depuis le 4 octobre dernier) ne fait pas exception. Sans être en aucune façon un remake de Gadjo Dilo, film qui l'a consacré, ce dernier road-movie, situé au cœur de cette Roumanie aux paysages désolés,.n'en garde pas moins le même lyrisme et les mêmes emportements
 
 
Hypersensibilité et engagement des acteurs 
 
:"C'est la nature humaine qui m'intéresse. Quand je suis chez les tsiganes, j'essaie toujours de faire travailler les plus pauvres. Ceux qui n'ont rien. Sur le tournage, j'ai rencontré un musicien de 75 ans qui s'appelait Santi. Sa baraque en tôle avait brûlé. On l'a donc retapée puis il est venu manger avec nous à l'hôtel. Je ne l'avais pas engagé, car il était très mauvais musicien. Un jour pourtant, à la fin du repas, il a dit avec beaucoup d'emphase : "J'ai 75 ans et je n'ai jamais mangé quelque chose d'aussi bon !". Et là, je savais que j'allais le prendre comme acteur…".  
Tony Gatlif ne craint pas l'expérience des limites. Au contraire. C'est de là que la vérité brute, et parfois brutale, peut sourdre puis éclater comme une évidence. Vérité des sentiments, vérité des êtres. Romain Duris, Rona Hartner, et aujourd'hui Asia Argento, Amira Casar, Birol Ünel (à l'affiche de Transylvania)…Tous témoignent de cette hypersensibilité et de cet engagement total, sans retenue.  
Tourner avec le réalisateur d'origine algéroise n'est d'ailleurs pas anodin. C'est avant tout une aventure humaine, dans laquelle on se jette corps et âme. "Entre les acteurs et moi, c'est une histoire d'amour et de confiance. Ils acceptent de venir sans même connaître le scénario. Ils n'en prennent connaissance que la veille du tournage".  
Une façon de travailler peu orthodoxe, surtout lorsqu'on est issu de l'école Stanislawski comme Birol Ünel. "Tous les jours, il me soumettait de nouvelles idées. Il gambergeait beaucoup. Du coup, il avait le texte une heure avant, ce qui le rendait furieux".
 
: Approcher le duende 
: Le résultat pourtant lui donne raison. Son cinéma, débarrassé de calculs et d'artifices, gagne en profondeur et en justesse. Et remue les tripes. Sans doute, parce que le réalisateur, né en 1948 dans une famille de gitans andalous, cherche à approcher le duende pour dire l'Homme dans son ineffable et irrationnelle vérité.  
"Le duende est indéfinissable. Il a été créé par les gens du flamenco, car ils avaient un mode de vie complètement au bord de la réalité, du monde matériel. Ils étaient dans l'irrationnel. Je recherche un peu cela : un cinéma viscéral, sensuel, poétique, anti-cérébral".  
Ce cinéma, il l'a trouvé dans Latcho Drom (sorti en 1992), chef d'œuvre absolu qui, entre documentaire et fiction, marche sur les pas du peuple tsigane, parti il y a mille ans de l'Inde et du Rajasthan pour arriver jusqu'en Andalousie. "J'en suis vachement fier. C'est une Mémoire. Jamais personne ne pourra refaire ce film. Pas même moi…!"  
Tony Gatlif n'a toutefois guère le temps de se pencher sur sa propre filmographie. Il doit tracer sa route et penser à demain. Ses prochains films auront pour décor la Pologne, mais aussi l'Andalousie, où il embarquera peut-être l'acteur Sergi Lopez… 
Enrôlera-t-il un jour celui qui, en 1966, faisait tout comme lui ses débuts sur les planches du TNP ? Un certain…Gérard Depardieu. "Nous avons commencé ensemble, c'est vrai. C'est quelqu'un que j'apprécie, mais il est impossible à diriger…Et pourtant, je retrouve ces temps-ci le Depardieu que je connaissais".
 
 
 
 
 
 
 
 

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Modifié en dernier lieu le 18.10.2007
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