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tour d'horizon
JAZZ
1-Interview de Henri Texier
2-Benjamin Flament Quintet
1-INTERVIEW/ HENRI TEXIER
"LE JAZZ, LA PLUS POPULAIRE DES MUSIQUES SAVANTES"
Quarante ans qu'il traîne sa contrebasse, qu'il multiplie les collaborations auprès des plus grands, qu'il se frotte à de nouvelles expériences…
Henri Texier est un pilier du jazz français et européen. Il sera entouré ce soir d'une jolie brochette de musiciens: son fils Sébastien à la clarinette, François Corneloup au sax, Christophe Marguet à la batterie et Gueorgui Kornazov au trombone. Conversation sur la "Strada" enchantée du jazz.
Mikaël Herviaux: Un nouvel orchestre représente toujours une nouvelle aventure. Qu'est-ce qui a motivé la formation de ce Strada Quintet?
Henri Texier: Avant tout, ce sont des personnaltés musicales qui m'ont intéressées. C'est une affaire de sons et de créativité. Et puis, j'aime l'idée de jouer avec trois vents. Cette Strada s'apparente à une fanfare, à un orchestre de rue.
M.H: Avez-vous cherché à traduire dans vos compositions la luminosité très particulière du cinéma italien et l'exubérance de Fellini?
H.T: C'est surtout une référence aux musiciens de jazz qui sont des nomades, toujours sur les routes, et qui doivent sans cesse faire vite. Ils travaillent énormément. C'est la raison pour laquelle ils passent fréquemment d'une formation à une autre.
M;H: C'est aussi ce qui explique l'absence du guitariste Manu Codjia
H.T: Disons que lorsqu'on a été programmé, Strada était alors un quintet. Manu est venu s'y greffer ensuite. Mais cela ne change rien. Le répertoire est le même. La formation peut exister en trio ou en sextet. Seul le batteur Christophe Marguet est indispensable .
M.H: La force du jazz ne vient-elle pas de cette mobilité, de cette recherche permanente de nouvelles aventures musicales?
H.T: Les musiciens de jazz ont toujours été à l'avant-garde, en faveur de rencontres et de créations avec d'autres formes artistiques. En 1969, je me souviens de m'être produit sur scène avec des danseurs, des peintres…On improvisait. Parfois pourtant, on aimerait avoir le temps de réfléchir, de se poser, pour développer certaines choses.
M.H: D'où vient cette capacité du jazz à gommer les années, à interpénétrer les générations?
H.T: Il est vrai que le jazz et les musiques ethniques ont en commun cette spécificité. Si un jeune musicien est apte, il peut intégrer une formation. Il y a un sens de la transmission qui nous vient d'Afrique. C'est une musique initiatique. La plus populaire des musiques savantes, et vice versa.
M.H: Justement, l'Afrique. Ce "carnet de routes" avec Romano et Sclavis a-t-il constitué pour vous un virage?
H.T: Disons qu'au départ, il s'agissait d'une aventure totalement fortuite. Personne ne connaissait ce continent si fécond, mis à part le photographe Guy Le Querrec. Mais, on était tous fascinés. On a donc joué aux coins des rues, de façon impromptue, comme n'importe qui. Les gens ne nous connaissaient pas. Notre attitude musicale n'a toutefois pas changé. Sans doute, ce voyage a-t-il influencé notre inspiration, mais c'était avnt tout une belle expérience humaine.
M.H: Un petit mot sur Nougaro. A-t-il aidé à populariser le jazz?
H.T: C'est indéniable! Ce n'était pas un musicien mais un amoureux de jazz. Il a contribué à faire comprendre la "jazz attitude". Mais, c'était avant tout un poète. Le quatrième mousquetaire après Brel, Brassens et Ferré.
2-CONCERT/ BENJAMIN FLAMENT QUINTET (J.D.C, (10/11/2003)
Musique suave et onirique avec le Benjamin Flament Quintet. Une création éclairée qui a révélé au grand public le talent de ce jeune compositeur.
Il est des œuvres essentielles, comme des murmures, qui valent tous les discours. Des compositions débourrées, allégées, des petites lignes mélodiques pures, qui nous parlent directement. Sans endosser des vêtements trop larges, sans prendre des détours confus. Juste un " aller-simple " vers l’émotion.
C’est le chemin qu’a choisi d’emprunter le Benjamin Flament Quintet.
Cinq musiciens de la région qui avaient l’honneur de passer, samedi soir, à la maison de la culture, en première partie du Charles Mingus Orchestra. Pour un voyage sonore s’organisant autour du jeu onctueux de ce jeune vibraphoniste prometteur, […].
Une conversation intime dans laquelle chacun est à sa place et nul ne monopolise la parole. Confidences collectives ou simple discussion à deux, ils réinventent ce langage élémentaire, " plus vague et soluble dans l’air ", qui privilégie la nuance aux oppositions violentes. Une jolie palette de couleurs qui s’interpénètrent dans de subtils glacis sonores. Cette suite concertante ressemble à une perpétuelle marche en avant. […]. On traverse comme dans un songe ces paysages contrastés (slaves, africains,…) jamais éclatés, unis par le même rêve. Comme des souvenirs raccommodés. […].
Benjamin Flament est un jeune compositeur qui ne se cache pas derrière une technicité abstruse. Voilà un compositeur qui ne ment pas. Son " aller-simple " est en effet d’une grande lisibilité. Avec déjà le parti pris de la clarté et la sincérité !
http://www.crjbourgogne.org/pdf/chantiers/t11%20composeraveclehasard.pdf
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